Paradoxe : informatique et environnement
Nous observons deux évolutions antagonistes ; la première est l’usage croissant de l’informatique pour la maîtrise de l’environnement, et la seconde concerne les impacts croissants de l’informatique qui viennent détériorer celui-ci.
En effet, devant le réchauffement climatique, la détérioration de la planète, l’amplification de l’effet de serre, il devient urgent de mettre au point des procédures efficaces. Ainsi, ont été disséminés des capteurs pour mesurer de nombreux paramètres, lesquels alliés aux drones et aux satellites permettent d’envoyer régulièrement des données qui seront la base de modélisation et de projections réalisées par ordinateur. Dès lors, l’informatique, au sens large, tient un rôle-clé dans la lutte pour la préservation de la planète.
D’un autre côté, de plus en plus d’actions humaines sont assistées informatiquement. Que l’on songe à la multiplication des smart phones, la dématérialisation des procédures administratives, la gestion des entreprises, le e-commerce, le cloud computing, l’intelligence artificielle, les jeux, la vidéo, etc., toutes ces activités exigent de plus en plus non seulement d’énergie électrique, mais aussi du cuivre et des métaux lourds indispensables. Et les solutions de recyclage ne sont pas à la hauteur des défis.
En 2020, l’informatique utilisait 4 à 6%, à elle seule, de l’électricité mondiale2 et avait une évolution estimée entre 6% et 9% par an. Des projections3 pour 2030 proposent une part de 10% à 20% de la consommation électrique mondiale.
Evolution de la consommation d’électricité pour l’informatique. Source Andrae4.
Lorsque l’on compare les gains et les coûts et leurs évolutions respectives, il est urgent de préconiser une sobriété informatique. Cependant peu d’acteurs se lancent dans de telles directions en contraste avec les déplacements, qui eux sont le cœur des combats des écologistes. Que doit-on faire face à de tels défis ?
Une loi dans ce sens est en cours de rédaction en France. En effet, selon une mission d’information du Sénat, la part du numérique dans les émissions de gaz à effet de serre en France était de 2% en 2019. Et surtout, ces émissions pourraient augmenter de 60% d’ici 2040 atteignant 6,7% des émissions totales en France (par comparaison, la part du transport aérien est de 4,7%). Dans le détail, d’où viennent ces émissions ? « Les utilisateurs du numérique oublient souvent que les échanges numériques dits « dématérialisés » ne peuvent exister qu’en s’appuyant sur un secteur bien matériel composé de terminaux, de centres informatiques et de réseaux », notent les sénateurs.