Défis et incertitudes de l’intégrité académique à l’ère de l’intelligence artificielle

3è colloque de l’IRAFPA 20/22 juin 2024

Sous l’impulsion de sa fondatrice, la Pr Michelle Bergadaà (Université de Genève), cet Institut de Recherche et d’Action sur la Fraude et le Plagiat Académiques (IRAFPA) développe depuis de longues années des études et des interventions tendant à sauvegarder les principes de l’intégrité dans la recherche, toutes disciplines confondues. Il n’était pas étonnant que le sujet du jour soit l’IA, tant celle-ci bouleverse, en bien comme en mal,les processus de recherche et d’enseignement. C’est dans le cadre très agréable d’une propriété ancienne appartenant à l’Université de Coimbra, à Figueira da Foz (Portugal) que s’est tenu ce troisième colloque, co-organisé avec le Pr Paulo Peixoto, réunissant une quarantaine de chercheurs de divers pays.

L’intérêt des débats a été son côté pluridisciplinaire et l’atmosphère de discussion détendue entre universitaires partageant le même souci à la fois de défense des principes scientifiques et juridiques devant présider à la recherche, et la nécessité de s’adapter aux technologies actuelles. Le plagiat, l’imitation, la non authenticité des résultats prennent avec l’IA une dimension nouvelle, comme l’ont montré de nombreuses communications. Les discussions ont aussi porté sur l’efficacité des instances académiques censées veiller à éviter les dérives. Les questions de droit d’auteur ne sont pas non plus absentes de ces évolutions. Enfin, il a clairement été montré que les risques de l’IA s’inscrivaient dans un contexte antérieur de course effrénée à la publication scientifique et de dérive mercantile des éditeurs de revues, sans même parler de procédés frauduleux. Dans tous les pays représentés, il a semblé indispensable de développer considérablement la formation des étudiants et doctorants à l’usage éthique de l’IA et de sensibiliser les chercheurs eux-mêmes, dont bon nombre sous-estiment encore les défis à relever.
La communication préparée par Y. Livian et R. Laurini portait sur les stratégies d’utilisation de l’IA pour la rédaction des mémoires et thèses par les étudiants internationaux, suite à une enquête réalisée auprès d’étudiants et d’accompagnateurs de l’association « Coup de Pouce Université » de Lyon. Elle a suscité de nombreux commentaires, notamment sur l’importance nouvelle de l’oral dans l’apprentissage linguistique et son évaluation ainsi que sur le risque d « industrialisation » de la rédaction. Elle fera partie de celles publiées dans le prochain ouvrage collectif de l’IRAFPA.

Yves-Frédéric LIVIAN

Professeur émérite de sociologie